Un ancien entrepôt de vin transformé en atelier et boutique de chapeaux. Un espace aéré et accueillant qui met en valeur les créations de Patricia. Formée à Londres, cette jeune créatrice sévillane sourit sans défaillance et transmet sa passion pour les chapeaux avec douceur et délicatesse. Ses modèles puisent l’inspiration dans le passé. « Je trouve que l’originalité est un concept qui a pris trop d’importance. Les musiciens du Baroque jouait « à la manière de » comme une façon de rendre hommage à celui qui les avait inspirés. Aujourd’hui nous sommes obsédés par la nouveauté, tout va très vite. Je ne cherche pas à innover à tout prix. Je suis contente si j’ai réussi à développer deux ou trois idées dans mes chapeaux. J’admire les créateurs qui creusent un seul et unique concept pendant des années. »
Les modèles de Patricia mélangent l’élégance d’antan à une sophistication empreinte de modernité. « J’aime tout ce qui est ancien. Quand on se penche un peu sur le passé, on se rend vite compte qu’avant il y avait beaucoup plus de modernité que de nos jours, les gens osaient davantage. » Antonio, son compagnon, partage ce penchant pour les temps passés puisqu’il tient une librairie de livres anciens. Travaillant tous les deux pour la tête, le libraire et la chapelière ont baptisé la maison d’une devise inspirante : Antes la cabeza que el sombrero (Plutôt la tête que la chapeau). Une profusion de formes et de matières habite la boutique. Patricia les façonne, une à une, de manière complètement artisanale dans l’atelier situé au fond, où les clients peuvent assister au processus de création et fabrication. Une visite qui évoque la tradition chapelière de Séville, fleurissante hier et presque disparue aujourd’hui.
Nos grands-parents portaient tous des chapeaux quotidiennement. Les photos anciennes nous les montrent parés de couvre-chefs de plusieurs sortes. À Séville, de nombreux fabricants fournissaient la clientèle locale et nationale. Le sombrero traditionnel à bords plats, porté par les cavaliers à la campagne et par les citadins, cohabitait avec des modèles internationaux. « Tout a changé. Nous avons une certaine pudeur à porter un chapeau. Même à Séville, où l’on arbore toujours le sombrero ou des fleurs dans les cheveux lors de la Feria, les gens ont perdu l’habitude du chapeau quotidien. Il est désormais l’apanage des grands événements sociaux tels que les mariages. »
Patricia se bat patiemment pour que cette accessoire retrouve sa place dans notre quotidienneté. Toujours avec modestie et élégance, elle confectionne soigneusement, sur mesure ou en série, des pièces qu’auraient pu porter nos grands-parents, mais que les gens mettront de bon gré d’ici plusieurs années.