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Lina

Au mois d’avril, quand la Feria approche, les sévillanes préparent leurs robes à volants, leurs châles à franges, leurs peignes et leurs fleurs pour les cheveux. Elles visitent les boutiques et se renseignent sur les dernières tendances, car ce qui se portait l’année dernière n’est plus à la mode cette année. En effet, l’habit flamenco (traje de gitana) évolue avec le temps. Certains signes distinctifs, héritage de son origine populaire, restent inaltérables:  les volants, la coupe plus ou moins serrée, les pois… Pourtant, avec ces éléments, les créateurs de cette industrie bien établie dans le Sud de l’Espagne proposent tous les ans des robes qui oscillent entre la tradition et la modernité, entre la haute couture et le prêt-à-porter. La taille descend ou remonte, les manches se rallongent ou se raccourcissent, les tissus varient, les couleurs aussi … Le traje serait ainsi le seul habit régional sujet aux diktats de sa propre mode. SIMOF, le salon de la mode flamenca, sert de vitrine à toutes les tendances, lors des défiles de cette véritable fashion week qui se tient tous les ans à Séville au mois de février.

1964. La Princesse Grace de Monaco visite la Feria de Séville et souhaite être habillée par Lina, une maison qui, en quelques années, est devenue célèbre pour son savoir-faire dans la création de robes de flamenca. Après une nuit entière passée à terminer cette commande inattendue, Marcelina Fernández, danseuse et fondatrice de la maison avec son mari (toréador et dessinateur), se rend le matin avec le costume à l’hôtel Alfonso XIII. Dans la suite où elle loge, Lina se souvient de Grace Kelly comme d’une «femme grande à la peau claire ornée de petites taches de rousseur». Lors de l’essayage, tout le monde réalise avec étonnement qu’aucun ajustement n’est nécessaire: le tissu s’adapte parfaitement au corps. L’image de la star hollywoodienne en robe à volants fera le tour du monde et fera de Lina LA maison de couture flamenca par excellence. Depuis lors, la marque s’est toujours attachée à la confection de robes de façon complètement artisanale. Le plus grand soin est apporté à la coupe et aux finitions, avec comme résultat des pièces uniques. Aujourd’hui, Mila et Rocío, les filles de Marcelina, dirigent la maison et s’occupent d’en préserver l’héritage. La boutique à côté de la Plaza del Salvador, qui a reçu les visites de John Galliano et de Jean Paul Gaultier, est un mélange de point de vente, d’atelier et de lieu de rencontre. Les clientes viennent se laisser conseiller pour trouver la robe qui fera d’elles la plus belle de la Feria, dans une ambiance qui, malgré la notoriété de la marque, reste accueillante et décontractée. Lina est une grande famille. Comme sa fondatrice l’a toujours voulu. Un lieu ouvert à tous qui fait partie du patrimoine de Séville. Une adresse qui vaut le détour pour comprendre cette partie essentielle du folklore andalou. Toujours sous le regard sublime de Grace Kelly.

Calle Lineros, 17

Tél. 954 212 423

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