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La Feria de Séville

Manger et boire. Rire, chanter et danser. Regarder et se faire regarder. Au printemps, Séville se met en scène et se fête elle-même. La Feria éclate de ses mille couleurs le temps d’une semaine, au mois d’avril. Les femmes enfilent leurs robes à volants et se parent de fleurs, de châles en soie et de peignes en écaille. Les cavaliers portent le chapeau cordouan et mettent le gilet court. Une immense ville éphémère est construite en bordure du centre-ville, avec son portail d’entrée que des milliers d’ampoules éclairent le soir. Plus de 1000 casetas s’alignent le long des rues: ces loges-tentes, chacune gérée par plusieurs familles ou groupes d’amis, font office de maison pendant les sept jours de fête. On y reçoit famille, amis ou collègues de travail, avec qui on trinque à la manzanilla et on danse des sévillanes. De l’heure du déjeuner jusqu’à l’aube c’est toute une ville qui fête la joie de vivre un nouveau printemps.

La journée, la Feria accueille le paseo de caballos: des cavaliers et des calèches richement parés défilent dans les rues, s’arrêtant devant les casetas pour saluer ou pour commander un verre de vin. Un spectacle, riche, bigarré, digne d’une autre époque. L’intérieur des casetas est décoré par ses membres comme s’il s’agissait d’une maison de la bourgeoisie rurale. Aux éléments folkloriques (éventails, fleurs, chaises et tables colorées) répond un certain esprit baroque, incarné en des miroirs dorés, rideaux en dentelle et même lustres au plafond. Le déjeuner, à base de plats typiques de la région (jambon, fromage, flamenquín, calamars, etc.), est le moment de discuter de tout et de rien, de commenter l’actualité de la ville, de célébrer le printemps qui est revenu. Il faut aussi prendre des forces pour l’après-midi et la soirée, car les journées sont longues à la Feria. Ensuite, pas de règles: balade pour assister au défilé équestre, danse au rythme des sevillanas omniprésentes, ou tout simplement dolce farniente autour d’un café.

Le soir scintille grâce aux milliers de lampions qui ornent les rues. Des groupes de musiciens, ou de spontanés, jouent dans les casetas ou à l’extérieur. Le temps semble s’arrêter quand, tard dans la soirée, la vie quotidienne paraît très loin, avec ses problèmes et petites angoisses. Il n’y a que la danse, le chant et le vin qui comptent ; le partage et la légèreté ; la joie. Jusqu’au moment où l’on décide qu’il est temps d’aller prendre son petit-déjeuner chez le gitanes, qui, comme tout le monde le sait, préparent les meilleurs churros de la Feria.
Un seul bémol à tout cela: la grande majorité des casetas sont uniquement accessibles sur invitation. Il en existe toutefois quelques unes qui, appartenant à la mairie ou à des partis politiques, sont ouvertes à tous. Et bien sûr, la fête se vit aussi dans la rue.

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